A propos du nom TOURVIEILLE
Origine et répartition géographique
L'origine des noms de famille
Durant le moyen-âge les hommes et les femmes ne portaient qu'un prénom. On s'appelait Pierre, Jacques, Jeanne, ou Catherine tout simplement. Le XIIIème siècle connait un fort accroissement de la population. La France compte 10 millions d'habitants. Dans chaque ville ou village les Pierre, les Jacques, les Jeanne, et les Catherine deviennent si nombreux que l'on n'arrive plus à les distinguer. Des surnoms sont utilisés pour les différencier. Ces surnoms ont de multiples origines; le métier, le lieu d'habitation, une particularité physique, le prénom du père... On distingue dés lors Pierre le fébure ( le forgeron en vieux français), de Pierre le grand ( surnommé ainsi à cause de sa taille) de Pierre du pont ( qui habite près du pont), de Pierre à Martin ( le fils de Martin)... Assez rapidement ces surnoms vont être transmis de façon héréditaire. Les noms de famille sont apparus. Aujourd'hui nous distinguons Pierre Lefebvre (déformation de Lefébure), de Pierre Legrand, de Pierre Dupont, et de Pierre Martin.
Les principales origines des noms de famille sont des prénoms français ou étrangers ( Martin, François, Giraud...), viennent ensuite les noms qualifiant le lieu d'origine (Picard, Gascon, Normand ...) ou le lieu d'habitation ( Dupont, Dupuis, Dubois, Delpech, Delaborde...).
Dans ce contexte, on peut imaginer que quelqu'un habitant à côté ou à l'intérieur d'une ancienne tour soit distingué de ses voisins par un sobriquet désignant son lieu d'habitation. Jacques ou Pierre de la tour vieille, c'est ainsi que les choses ont du commencer... Mais où?
Origine géographique du nom Tourvieille
Le patronyme est originaire du sud de l'Ardèche. Lorsque l'on remonte dans le temps, les porteurs du nom Tourvieille se concentrent autour de la ville de Largentière. Cette ville doit son nom à la présence de minerai d'argent exploité de façon certaine depuis l'an mille. Le filon d'argent affleure le sol en plusieurs endroits proches de la ville selon un axe nord sud, du village de Tauriers à celui de Montréal en passant par Largentière. Ces mines ont été exploitées de façon épisodique au cours de l'histoire au fur et à mesure que la technologie permettait de traiter un minerai de moins en moins riche.
Au moyen-âge, ces mines d'argent étaient partagées entre deux grands seigneurs: les Comtes de Toulouse d'un côté et les évêques de Viviers de l'autre.
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La possession de ces mines les autorisait à battre monnaie. C'était une source de revenus importante. En cette époque belliqueuse, il convenait de protéger cette source de revenus de l'appétit des autres seigneurs. Les propriétaires n'avaient pas hésité à bâtir sur chaque point stratégique de la région des châteaux et des tours de protection. Plusieurs de ces forteresses existent toujours à Montréal, Tauriers, Joannas, Chassiers. Dans Largentière même, les deux seigneurs possédaient leur forteresse: la tour de Fanjau pour les Comtes de Toulouse, le château de Bonne-garde pour les évêques de Viviers.
Au fil du temps, la ville de
Largentière va se hérisser de tours et de remparts.
Un texte de 1589 ne cite pas
moins de 8 tours dans la ville. Plusieurs sont parvenues jusqu'à nous et le
château de Bonnegarde domine toujours la ville sur son piton rocheux. Même les armes de la
ville de Largentière représentent une tour crenelée. Enfin, à proximité de
Largentière, sur une montagne de 780m, véritable nid d'aigle dominant toute la
région, se dresse la tour de Brison. En plus des tours dont il ne reste que des ruines
ou des écrits, on trouve dans les environs de Largentière, des lieux-dits tels
que: Plan la Tour, Les Tourettes, Latourre....
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Places fortes autour de la ville de Largentières |
Alors quelle tour a pu donner son nom à un habitant du coin? Celle qui est la plus proche des plus anciens lieux fréquentés par la famille Tourvieille est la Tour de Brison sur sa haute montagne. Elle domine le hameau de Leyval dans la commune de Rocles. Dans ce hameau la présence de la famille est attestée depuis les années 1460. La tour de Brison est si haut placée et en un lieu si inconfortable qu'elle devait être abandonnée en période de paix lorsque le filon d'argent n'était plus exploité. Elle pouvait faire le bonheur de quelques paysans du coin pour y élever chèvres et moutons. Outre un abri bon marché, elle offrait une citerne astucieusement alimentée par les eaux de pluie. Cette citerne a la réputation de ne jamais être à sec. De nos jours la tour de Brison a pris une curieuse apparence. Ses murs écroulés ont été relevés, elle a été dotée d'un toit qui n'a rien d'historique et d'antennes de liaisons radio. Après avoir veillée sur la fortune de quelques seigneurs du moyen âge, la tour de Brison veille aujourd'hui sur la sécurité des ardéchois. Sa situation élevée lui vaut d'être utilisée de nos jours par les pompiers ardéchois pour la surveillance des incendies en été.
En retenant la tour de Brison comme lieu d'origine de la famille Tourvieille faisons nous le bon choix ? Nous ne saurons sans doute jamais si c'est la bonne hypothèse...
Origine étymologique et orthographe du nom Tourvieille
Ce qui est certain c'est que le nom est bien construit à partir de deux mots:
Du nom Tour, désignant une construction militaire
et de l'adjectif vieille pour ancienne, âgée
Dans les actes anciens lorsque le nom est en latin, il est écrit TURRE VETERI ( Tour Vieille. Le mot latin Veteri a donné le mot français vétéran). Dans les plus anciens textes en français, au début du XVIème siècle, le nom est écrit en deux mots distincts TOUR VIEILLE. Plus tard on le trouve en seul mot avec parfois une réminiscence du passé caractérisée par une majuscule à chacun des deux anciens mots TourVieille.
L'orthographe du nom est changeante tout au long de l'histoire. Ceci est du au fait que nos anciens ne savaient pas écrire leur nom et donc ne savaient pas l'épeler. On trouve dans les vieux registres:
TOURVIEILHE ( écriture occitane du groupe de lettre "ill". On retrouve cette façon d'écrire dans le nom de deux villages proches de Largentière, Ailhon et Sanilhac. Cette forme d'écriture subsiste aussi dans l'écriture du prénom Guilhaume)
TOURVIELLE ( faute très courante de nos jours)
TOURVIEL
TOURREVIEILLE
TOURREVEILLE
TOURREVIELHE
et même TOURNEVIEILLE
Sans doute d'autres encore...
Quelques exemples de signatures anciennes
DetureVetery
Signature en latin d'un notaire à Rocles (07) en 1537
Tourvieille prêtre
Signature avec paraphe de Jean TOURVIEILLE prêtre à Burzet ( 07) en 1677.
Tourrevielhe
Signature de Jacques TOURVIEILLE paysan à Rocles ( 07) en 1690.
Tourvieille
Signature de François Emmanuel TOURVIEILLE chirurgien de la Grande Armée, médecin à Thueyts (07) en 1808.
Tourvieille
Signature de Thibault Marius TOURVIEILLE à Lentillères (07) en 1897
Les plus anciens documents écrits où l'on retrouve ce patronyme sont des documents fiscaux de 1467 appelés "les Estimes". Réalisés sous le règne du roi Louis XI, ces documents sont écrits en latin. Ils nous apprennent qu'un Jacques Tourvieille habite à Rocles (07) et un Barthélémy Tourvieille à Joannas (07). Par la suite on trouve d'autres documents, notamment des testaments écrits lors d'une épidémie de peste en 1507. Ce n'est qu'à partir d'un contrat de mariage établi chez un notaire de Largentière en 1573 que l'on arrive à suivre la famille jusqu'à nos jours. Ce contrat est établi entre Jacques Tourvieille, paysan de Rocles (07) et Anne Dusserre la fille d'un maçon de Largentière. Aujourd'hui le patronyme est répandu dans toute la France. Mais il reste rare.
En 1850, Jean Baptiste Marie Henri Frédéric Gaston Tourvieille réside à Thueyts (07) où se trouvent plusieurs familles du même nom. Pour se distinguer des autres familles Tourvieille du village, il ajoute à son patronyme le nom de son hameau; La Vernède. Dans les actes de l'état civil, quatre de ses enfants sont déclarés sous le patronyme de Tourvieille de la Vernède, à Thueyts et à Coligny (01). Ce patronyme existant encore à Paris à la fin du XIX me siècle, semble avoir disparu à ce jour.
En 1886 Marie Frédéric Claudius Ferdinand Tourvieille installé à Bègles (33) ajoute à son patronyme celui de son épouse Marie Berthe de Labrouhe de Laborderie. Le patronyme devient Tourvieille de Labrouhe, il est répandu actuellement dans la région des Charentes et en Haute Savoie.
Alain TOURVIEILLE. Juin 2006 ( mise à jour juillet 2011)